LOUIS XIV
Louis, surnommé "Dieudonné",
Roi de France et de Navarre, dit "Louis le Grand" ou "le Roi Soleil"
5 septembre 1638 - 1er septembre 1715
NDLR : Le plus grand de nos Rois, insatiablement au service de la France, protecteur des Arts, créateur de Manufactures royales, auteur de grands travaux d'infrastructure comme le canal du Midi, et d'innombrables et remarquables ouvrages qui ont modelé le territoire et qui sont encore visibles et utilisés aujourd'hui. Le roi de Prusse, informé de la disparition de Louis XIV, dira à sa cour : "Le Roi est mort", témoignant ainsi de la prééminence et du prestige du plus grand monarque d'Europe qu'il incarnait. Versailles est désormais dédié "à toutes les gloires de la France" depuis 1830.
Pour accompagner la lecture de cette page consacrée à Louis le Grand, je vous suggère de cliquer sur le lien musical ci-dessous composé par Lully, afin de vous plonger quelques minutes dans "le Grand Siècle".
"Toutes les fois que je donne une place vacante, je fais cent mécontents et un ingrat".
"Pourquoi pleurez-vous, m'avez vous cru immortel?"
Dans les derniers jours de sa longue agonie, à ses domestiques qui l'entouraient
La chambre du Roi
"l'État c'est moi!"
Phrase que le Roi Soleil n'a jamais prononcée, mais qui lui est attribuée à tort. Elle servira à ses détracteurs à dénoncer l'absolutisme
« Est-ce fait, messieurs ? Achevez et ne me traitez pas en roi ; je veux guérir comme si j'étais un paysan. »
Le roi à l'adresse de ses chirurgiens qui l'opéraient
sans anesthésie trois heures durant d'une fistule anale...
Petites histoires et curiosités dans la Grande Histoire du Roi Soleil
Des débuts difficiles
Il fut certes le monarque le plus puissant de son temps, au rayonnement sans égal pendant un règne d'une exceptionnelle intensité et durée. Mais tout avait mal commencé pour lui : son père Louis XIII et sa mère Anne d'Autriche ne le conçurent que très tardivement, au point que l'on craignait pour l'avenir de la dynastie. D'où son surnom "Dieudonné", car c'est "miracle" s'il vit le jour au château de Saint Germain. Il n'avait que cinq ans, le 14 mai 1643, lorsque son père mourut. Louis XIII s'était engagé, remarquablement épaulé par son premier ministre, le cardinal de Richelieu, dans la guerre de trente ans (1618-1648), fort mal commencée, contre l'Empire des Habsbourgs qui réunissait sous une même souveraineté l'Espagne et ses possessions immenses en Amérique, aux Pays-Bas, en Italie, et l'Autriche, principale puissance d'Europe Centrale, et formait ainsi un ensemble représentant la première super puissance des temps modernes. La France, sortie affaiblie des guerres de religion, luttait contre l'encerclement et l'étouffement sur tous ses fronts. Richelieu précéda de peu Louis XIII dans la tombe, mais était en passe de triompher des Habsbourgs et de renverser le rapport de force en faveur de la France. Du reste, cinq jours à peine après la mort de Louis XIII, Louis de Bourbon, Duc d'Enghien, futur prince de Condé, écrasa au nom du roi de France les Espagnols qui voulaient profiter des circonstances, à la bataille de Rocroi, particulièrement sanglante, le 19 mai 1643.
(La terrible bataille de Rocroi :
Les "Tiercios", phalanges de lanciers espagnols qui avaient dominé l'Europe pendant un siècle
sont écrasés par le pilonnage massif de l'artillerie française)
La Fronde : un petit roi menacé et humilié
Mais le petit Louis, s'il fut sauvé de la menace extérieure, dut encore subir les affres de la "Fronde des Princes", cette rébellion des grands du royaume qui voulaient également profiter de la situation pour récupérer leur puissance jusqu'ici muselée par la politique intraitable de soumission au pouvoir royal que leur imposait Richelieu. Sa mère et lui vivaient dans des conditions précaires, otages de cette guerre civile. Une nuit, la famille royale (dont Louis qui a dix ans et son jeune frère cadet Philippe) doit s'enfuir de Paris pour rejoindre le château de Saint Germain, vide et délabré. Ses fidèles sont peu nombreux, ils couchent sur des bottes de paille vendues à prix d'or par les paysans locaux. Rentrée finalement à Paris, la famille royale reste l'otage des Parisiens. L'année suivante la foule envahit le palais royal et se presse devant la chambre de Louis, qui fait semblant de dormir. À la vue de l'enfant qui paraît assoupi, la foule se calme, et repart sur la pointe des pieds... Car si le peuple déteste la Régente et plus encore son premier ministre, Mazarin, sensible à la propagande des "Grands" qui attisent les mécontentements, il reste déférent et révérencieux envers la personne sacrée du roi. Il ne faut pas oublier que le roi de France aux yeux du peuple détient son pouvoir directement de Dieu (ce dont le souverain lui-même est intimement convaincu), sentiment renforcé quand il reçoit lors de son sacre l'onction de l'huile sainte à Reims.
Irruption des frondeurs dans la chambre du jeune roi "endormi"
L’heureuse tutelle de Mazarin
Louis XIV est donc profondément marqué, dans son enfance par la précarité, l'hostilité, la menace, l'humiliation de devoir s'enfuir dans des conditions indignes de sa personne. Et il s'en souviendra. Le cardinal de Mazarin ayant pris la suite de Richelieu - qui l'avait introduit comme son successeur - réussira, à force de patience, de ruse, de duplicité parfois, à venir à bout des ennemis de la France, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, et laissera, en 1661, à son filleul (le roi) non seulement sa fortune considérable, mais un pays en paix avec l'Espagne, ayant négocié un mariage avec l'Infante d'Espagne en guise de réconciliation, et une haute noblesse soumise.
Louis a vingt trois ans lorsque disparaît son parrain, le cardinal de Mazarin, son tuteur, celui qui avait accompagné sa mère Anne d’Autriche, régente, dans l’épreuve terrible de la Fronde et de la guerre extérieure pendant la minorité du roi. Louis lui aura montré jusqu’au bout toute sa gratitude, en restant en retrait du pouvoir malgré sa majorité acquise depuis longtemps (les rois étaient majeurs à treize ans).
Mais désormais il entend gouverner seul et ne va pas nommer de premier ministre. Ce qu’il va faire avec constance et perspicacité. Mazarin lui a laissé Colbert, qui se révèlera un formidable ministre en second, que Louis saura récompenser. Mais c'est le roi qui impulse tout, intervient sur tout, arbitre tout. Travailleur acharné, il va réformer la France en profondeur, comme aucun autre avant lui.
Colbert
Les leçons de la Fronde
La décision de construire Versailles devra plus à sa vision d'un pouvoir concentré, qui retient la noblesse auprès de lui pour mieux la contrôler, la ruiner aussi, pour lui enlever toute puissance, et la faire dépendre du pouvoir royal par le paiement de pensions, qu'à un rêve de grandeur mégalomaniaque. La stricte « étiquette » comme le déroulé d’un « scénario » protocolaire immuable et quotidien, ne sont que l’application pure et simple de sa politique de soumission de la noblesse. Ainsi le « lever du roi » est un cérémonial qui se déroule à partir de 8h30, et qui commence toujours par la phrase de son valet de chambre qui tire les rideaux du lit à baldaquin et dit : « Sire, voilà l’heure ». À ce moment, Louis ne dort pas, il est même réveillé depuis longtemps, et a travaillé depuis les toutes premières heures du jour. Il vient de se recoucher et se prête à cette comédie. Les courtisans vont entrer, par vagues successives, en fonction de leur rang ou de leur rôle. Un regard, une phrase à l’attention de tel ou tel remplit le destinataire d’émotion et flatte son ego. La dimension psychologique du rituel est un instrument essentiel aux mains du souverain. Les visiteurs assisteront à la première prière du roi « très Chrétien », son petit déjeuner, son habillement.
Louis XIV devient l’archétype du monarque absolu, même si le chemin vers l’absolutisme prend forme dès la Renaissance, notamment avec François 1er. Il n’est plus seulement le Suzerain de seigneurs vassaux, devant négocier constamment leur appui par des contreparties qui sont autant de renonciation à sa souveraineté, il est celui par lequel le pouvoir existe, roi « par la grâce de Dieu », dont la volonté s’impose à chacun quelque soit sa condition.
Pour autant, le pouvoir royal n’est pas illimité, loin de là : le rôle des parlements de Paris comme des Provinces contrebalancera constamment le pouvoir centralisé. Le meilleur exemple est l’arrêt du Parlement de Paris qui cassera le testament de Louis XIV visant à intégrer ses fils bâtards dans l’ordre successoral au trône après sa mort, en violation des lois fondamentales du royaume.
La haute noblesse soumise : ici, le Grand Condé
reçu par le Roi, placé en haut des marches de l'escalier des ambassadeurs à Versailles
Louis : une difficile santé de fer
Le roi soleil souffrit toute sa vie d'une "difficile santé de fer" .
Dans son enfance, Louis XIV échappe à plusieurs reprises à la mort :
- À 5 ans, il manque de se noyer dans un des bassins du jardin du Palais-Royal. Il est sauvé in extremis.
- À 9 ans, le 10 novembre 1647 il est atteint de la variole. Dix jours plus tard, les médecins n’ont plus aucun espoir mais le jeune Louis se remet « miraculeusement ».
- À 15 ans, il a une tumeur au sein.
- À 17 ans, il souffre de blennoragie.
L'alerte la plus sérieuse pour le royaume a lieu le 30 juin 1658: le roi, à 19 ans, est victime d’une grave intoxication alimentaire (à cause de l'infection des eaux) et de fièvre typhoïde, diagnostiquée comme un typhus exanthématique, lors de la prise de Bergues dans le Nord. Le lundi 8 juillet, on lui donne les derniers sacrements et on commence à préparer la succession mais Guénaut, le médecin d’Anne d’Autriche, lui donne un émétique à base d’antimoine et de vin qui guérit encore une fois « miraculeusement » le roi.
Avec l'âge, il perdra ses dents, et un médecin, voulant le soigner, arrachera non seulement des dents saines mais une partie de son palais de sorte qu'il régurgitera parfois ses soupes par le nez...
Mais l'épisode le plus célèbre concernant la santé du roi adulte interviendra en 1686. Il s'agit de son opération pour une fistule anale.
La fistule anale est un abcès près de l'anus. La maladie est répandue à l'époque, probablement en raison de la pratique courante de lavements par l'introduction dans l'anus d'une seringue métallique, un clystère dont on ne maîtrisait alors pas la stérilisation mais également, pour le roi, à sa pratique régulière du cheval.
Depuis Hippocrate (c. 460-370 av. J.-C.), on sait soigner la fistule anale en pratiquant une incision avec un fil métallique mais cela provoque souvent des hémorragies mortelles.
Au début de l'année 1686, le roi se plaint « d'une petite tumeur devers le périnée, à côté du raphé, deux travers de doigts de l'anus, assez profonde, peu sensible au toucher, sans douleurs, ni rougeurs, ni pulsations ». L'abcès devient plus douloureux et handicapant. Le roi, alors âgé de 48 ans, ne peut plus monter à cheval et fait ses promenades dans le parc en chaise à porteurs. Ce qui était évoqué pudiquement comme une « tumeur à la cuisse » et ensuite révélé publiquement sur fond d'une guerre entre chirurgiens et médecins sur le traitement à y apporter. Toute la première partie de l'année 1686, ces derniers, avec à leur tête Antoine Daquin, l'oignent avec des emplâtres et cataplasmes. De nombreux apothicaires affluent à Versailles espérant pouvoir accéder au roi pour le soigner et entrer dans son entourage. Parmi les traitements, on préconise l'injection d'eau de Barèges et des médecins envisagent d'envoyer le roi dans la cité thermale pyrénéenne. Un chirurgien parisien est envoyé sur place et témoigne des succès de ces eaux pour la fistule. Mais Daquin s'oppose au voyage qu'il juge trop long et dangereux par « les chaleurs de cette saison ».
Finalement le chirurgien Charles-François Félix réussit à convaincre le roi de se faire opérer et que l'opération, une incision, est certes douloureuse mais ne dure que quelques minutes.
Elle va durer trois heures...
Le chirurgien, qui joue sa carrière, va s'entraîner sur de nombreux indigents de Paris rassemblés à l'hospice de Versailles. On n'en connaît pas précisément le nombre (on parle de 75), mais plusieurs mourront, et selon le curé de Versailles, François Hébert, ils étaient enterrés à l'aube sans faire sonner les cloches « afin que personne ne s'aperçût de ce qui se passait ». Ces multiples opérations permettent à Félix de mettre au point un instrument spécifique, un bistouri recourbé prolongé par un stylet et dont le tranchant est recouvert d'une chape d'argent afin de ne pas blesser lors de son introduction dans l'anus maintenu ouvert par un écarteur. L'instrument prendra le nom de bistouri « recourbé à la royale ».
Les instruments utilisés pour opérer Louis de sa fistule :
écarteurs et bistouri "recourbé à la royale"
Alors que la cour passe quelques jours à Fontainebleau, le roi rentre à Versailles. L'opération, gardée secrète — même le Dauphin ne sera pas prévenu —, se déroule le 18 novembre 1686 à 7 heures du matin dans la chambre du roi. Le secret est gardé afin de ne pas affaiblir la position du roi, auprès de sa cour et des cours européennes. Elle est relatée en détail dans le Journal de santé du Roi qui est tenu de 1647 à 1711.
Le roi est allongé sur son lit, avec un traversin sous le ventre pour lui relever les fesses. Sont présents outre Félix, les médecins Daquin, Fagon, Bessières et La Raye (ndlr ça ne s'invente pas) assistent à l'opération, Madame de Maintenon tenant la main du roi. L'opération sans anesthésie, dure trois heures, lors de celle-ci le roi aurait dit : « Est-ce fait, messieurs ? Achevez et ne me traitez pas en roi ; je veux guérir comme si j'étais un paysan. »
L'opération est un succès et fera la renommée et la fortune du chirurgien qui est décoré par le roi. Cela lance la mode parmi les courtisans de se faire opérer de la fistule. S'il est fait une large publicité du succès de l'opération, au moins deux autres incisions seront pratiquées sur le roi par Félix à la fin de l'année 1686 et le roi ne se rétablit vraiment qu'à partir de janvier 1687.
De nombreuses célébrations civiles et religieuses se déroulent à Versailles et à travers tout le royaume. Dans les grandes villes de province, les fontaines à vin sont sorties.
Les Souvenirs apocryphes de la marquise de Créquy rapportent que l'air "Seigneur (Dieu), sauve le Roi" a été composé par la duchesse de Brinon à cette occasion, puis mis en musique par Jean-Baptiste Lully pour célébrer la réussite de cette opération chirurgicale, l'auteur des Souvenirs prétendant que Haendel aurait plagié cet air pour orchestrer God Save the King. Lors d'une répétition de ce Te Deum, Lully se blessa sérieusement au pied avec son bâton de direction et, ayant refusé l'amputation, mourra de la gangrène quelques semaines plus tard...
À l'appui de cette thèse peu connue, je vous propose d'écouter ce troublant parallèle entre "Grand Dieu sauve le Roi" et le "God Save the Queen"... Les monarchies françaises et britanniques ont décidémment toujours été très liées...
Le "God Save the Queen" aurait-il un antécédent?
Une mort lente et douloureuse, mise en scène
Près de trente ans après son opération, le 9 août 1715, au retour de Marly, le désormais vieux roi (77 ans) apparaît brusquement très abattu. Le 10, il se plaint d’une douleur à la jambe gauche contre laquelle les médecins sont impuissants.
Louis a très vite conscience de sa fin, et va la mettre en scène, acceptant ses souffrances. Il gardera un stoïcisme étonnant conforme à l'idée qu'il se fait de son devoir de roi tout au long de sa lente agonie, faisant très longtemps ses adieux en terminant par ses fidèles domestiques.
Le 1er septembre 1715, Louis XIV meurt d'une ischémie aiguë du membre inférieur, causée par une embolie liée à une arythmie complète, compliquée de gangrène aux alentours de 8 h 15 du matin, entouré de ses courtisans, après une agonie de plusieurs jours. Son règne a duré soixante-douze années et cent jours (cinquante-quatre années de règne effectif si on retire la période de la régence de 1643 à 1661).
Jusqu'au bout en représentation :
Louis met sa mort en scène
Le roi thaumaturge (guérisseur)
Louis n'était pas seulement sujet à de nombreuses maladies et autres problèmes de santé. Il se devait de perpétuer la tradition pieuse des Capétiens, en soignant lui-même des malades.
Certains rites religieux ne s’appliquaient qu’au roi de France et lui rappelaient son statut particulier de roi Très Chrétien. Ceci concerne la messe, le lavement des pieds et les écrouelles. Louis XIV assuma ses devoirs avec une dévotion croissante.
Chaque année, le jeudi saint, Louis XIV procédait à la cérémonie du lavement des pieds ou Mandé royal comme tous les évêques catholiques. Sélectionnés la veille puis examinés par le premier médecin du roi, lavés et nourris et revêtus d’une petite robe de drap rouge, treize garçons pauvres étaient amenés où la cérémonie allait avoir lieu à Versailles, dans la grande salle des gardes situés à l’entrée de l’appartement de la reine. Louis XIV lava les pieds des pauvres de l’âge de quatre ans à l'année de sa mort.
En vertu d’un pouvoir dérivé du sacre, le roi de France était supposé pouvoir guérir les malades atteints des écrouelles, une adénite tuberculeuse, forme ganglionnaire de la tuberculose. Ce pouvoir thaumaturgique était le signe d'une dimension quasi sacerdotale du Très Chrétien : les rois de France selon Du Peyrat, « font les miracles de leur vivant par la guérison des malades écrouelles, qui montrent bien qu’ils ne sont pas purs laïques, mais que participant à la prêtrise, ils ont des grâces particulières de Dieu, que même les plus réformés prêtres n’ont pas. » Louis XIV a touché près de 200 000 malades. L’emploi du subjonctif date du règne de Louis XIV : « Dieu te guérisse » et non plus « Dieu te guérit » ne doit pas être mis en rapport avec une baisse de la croyance au pouvoir thaumaturgique ; la formule laissait à Dieu la liberté de guérir ou de ne pas guérir selon que cela fût utile au malade ou non ; le roi n’apparaissait que comme un intermédiaire. Il n’a jamais été question d’imputer le pouvoir au souverain mais à Dieu. Versailles devint un lieu de pèlerinage quand Louis XIV s’y installa définitivement. Les malades étaient accueillis sous les voûtes de l’Orangerie. Le contact avec les scrofuleux était éprouvant du fait du grand nombre des malades à toucher et parce que la maladie pouvait se manifester par des plaies purulentes sur le visage. En avril 1689, le chroniqueur du Mercure Galant précisa que Louis XIV, qui pratiqua ce rite toute sa vie ne s'en plaignait pas.
Jeune malade présentant "des écrouelles" au cou, 1893
On venait parfois de fort loin, et même de l'étranger, pour que le "Très Chrétien" touche un malade atteint des écrouelles. Telle cette histoire peu commune rapportée dans les registres d'une paroisse française en 1732 (au début du règne de Louis XV) où des Espagnols arrivent en France pour tenter de rencontrer le roi et le faire "toucher" un malade:
Cela nous laisse penser que Louis, comme les gens de son époque, était très profondément imprégné de religiosité, et la révocation contreversée de l'Édit de Nantes en 1685 sous l'influence de l'Église et de la très pieuse madame de Maintenon, sa deuxième femme secrètement épousée par amour après la mort de la reine Marie-Thérèse, n'apparaît pas comme un geste inconscient, gratuit et arbitraire, mais la résolution d'un dilemme de conscience. Si cette révocation apparut plus tard comme une faute politique majeure, la très grande majorité des français l'approuvèrent sur le moment, comme une mise en cohérence entre la religion du roi et l'unicité de la religion du royaume, selon le principe "cujus regio, ejus religio" (tel prince - c'est à dire tel État-, telle religion).
(... à suivre : on abordera bientôt les sujets de la succession de Louis XIV rendue risquée et aventureuse par la disparition de son fils le Grand Dauphin, de son petit-fils et de deux de ses arrière-petits-fils (sur trois) très peu de temps avant sa mort, la mettant en péril, puis de sa politique étrangère avec ses guerres controversées, et enfin son exceptionnel soutien aux Arts et à sa politique économique (qui inspirera le "Colbertisme" aux hommes politiques postérieurs).
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