Métaphore

Du Larousse :

Emploi d'un terme concret pour exprimer une notion abstraite par substitution analogique, sans qu'il y ait d'élément introduisant formellement une comparaison.
 

De Wikipédia (extraits) :

La métaphore, (du grec metaphorá, au sens propre, transport), est une figure de style fondée sur l'analogie. Elle désigne une chose par une autre qui lui ressemble ou partage avec elle une qualité essentielle. La métaphore est différente d'une comparaison, qui affirme une similitude : « La lune ressemble à une faucille » ; tandis que la métaphore la laisse deviner, comme quand Victor Hugo écrit « cette faucille d’or dans le champ des étoiles. » Le contexte est nécessaire à la compréhension de la métaphore ; c'est le contexte qui indique qu'il ne faut pas prendre le mot à son sens ordinaire.

La métaphore s'emploie dans le langage quotidien avec l'emploi d'épithètes (« un cadeau royal »), aussi bien que dans le langage soutenu de la littérature et particulièrement dans l'expression poétique. L'invention de métaphores est une des attractions majeures de la création littéraire. Une métaphore courante est un cliché ; si elle est entièrement passée dans le langage (comme « à la tête » signifie « au poste d'autorité »), on peut la considérer comme une catachrèse. (La catachrèse est une figure de style qui consiste à détourner un mot, ou une expression, de son sens propre en étendant sa signification : le pied d'une table, être à cheval sur une chaise).

Le concept de métaphore est issu de la réthorique, qui en étudie la constitution, les types, l'usage. La linguistique découvre dans la métaphore un aspect fondamental du langage. Les sciences humaines la situent dans le contexte de la formation des symboles. La psychologie s'intéresse à travers la métaphore aux relations entre le langage, le psychisme, les connaissances et les sentiments, la sociologie à son importance dans la communication et aux conditions dans laquelle elle peut être comprise dans un groupe humain.

Types et exemples de métaphores

Les linguistes et les rhétoriciens ne sont pas unanimes sur la nécessité de classer rigoureusement les tropes (un « trope » est une figure qui consiste à détourner un mot de son sens habituel), ni autour d'une typologie des différentes métaphores. Cependant, on peut distinguer deux formes principales :

  • la métaphore dite « annoncée » et
  • la métaphore dite « directe ».

Au-delà de ces types simples, la métaphore « filée » se base sur des rapprochements successifs.

Métaphores annoncées  :

« Je me suis baigné dans le poème de la mer. » (Arthur Rimbaud).

« Vieil Océan, ô grand célibataire. » (Comte de Lautréamont, Les Chants de Maldoror, Chant I).

La métaphore annoncée signale un rapport entre deux choses en rapprochant les expressions qui les signifient. Elle se nomme également la « métaphore explicite » ou « métaphore par combinaison » ou in præsentia (« présente dans l'énoncé » en latin). Elle ressemble beaucoup à une comparaison.

Métaphores directes  :

« C'est une nuit d'été ; nuit dont les vastes ailes... » Lamartine (compare la nuit à un oiseau, sans que ce mot n'apparaisse.)

« Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes
. »

Le poète Arthur Rimbaud compare les rimes aux cailloux — ou aux miettes de pain que les oiseaux mangeront — que sème le personnage du conte du Petit Poucet pour retrouver son chemin. Au lecteur de constituer l'analogie.

La métaphore directe lie deux réalités au moyen d'un mot précisé, mais où un des termes est sous-entendu. Elle se dit également « métaphore contextuelle » ou métaphore in absentia ou encore « métaphore indirecte ». On la retrouve principalement dans le langage populaire ; mais aussi quand on exige délibérément un effort de compréhension, comme dans l'argot, et dans la poésie de style symboliste ou hermétique, qui la cultivent.

Métaphore pure  :

« Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes. » (Paul Valéry)

Seul un élément du contexte, le titre du poème — « Le Cimetière marin —, permet de comprendre que l'auteur évoque la surface de la mer parcourue de voiles blanches de bateaux.

La « métaphore pure » — ou par remplacement — est un type de métaphore directe extrême. Seul le mot métaphorique y est présent ; le contexte permet de l'interpréter.

Métaphores filées  :

Le vers de Victor Hugo :

« Cette faucille d’or dans le champ des étoiles »

se comprend par trois analogies visuelles : le « champ des étoiles », rapproche les étoiles des fleurs et le ciel d'un champ ; et du coup, la « faucille » de la lune. Un quatrième rapprochement se fait jour avec l' « or » une fois la lune identifiée, avec la serpe d'or des druides; car la lune est plutôt d'argent. L'or solaire convient mieux à « l'éternel été » des dieux, évoqués dans les vers précédents. Ce dernier rapprochement est caractéristique de la métaphore filée.

« Adolphe essaie de cacher l'ennui que lui donne ce torrent de paroles, qui commence à moitié chemin de son domicile et qui ne trouve pas de mer où se jeter »

Honoré de Balzac rénove en la filant la métaphore usée qui associe un discours incessant à un torrent auquel rien ne résiste. Il compare le cours de cette eau tumultueuse au trajet vers le domicile, et indique que le discours ne s'arrête pas pendant le trajet par la référence à la mer, dont l'eau est plus calme.

« La bête souple du feu a bondi d’entre les bruyères comme sonnaient les coups de trois heures du matin. (…) Comme l’aube pointait, ils l’ont vue, plus robuste et plus joyeuse que jamais, qui tordait parmi les collines son large corps pareil à un torrent. C’était trop tard. »

Jean Giono commence par une métaphore annoncée qui relie le feu, dont il est question, et une bête. Les adjectifs qui la décrivent, « souple », « robuste », « joyeuse » s'appliquent tous à l'incendie, auquel ramène la seconde métaphore qui rapproche la bête, donc le feu, et le torrent. Le rapport entre feu et torrent serait, s'il était direct, plutôt usé.

La métaphore filée est constituée par un enchaînement de comparaisons implicites. 

Métaphore proportionnelle  :

« la vieillesse est le soir de la vie »

Cette métaphore exprime en peu de mots l'idée que dans la durée de la vie, la vieillesse commence et se termine à des moments comparables à ceux qui commencent et termine le soir dans la durée du jour. La puissance d'évocation de cette métaphore apparaît quand on considère la baisse de la luminosité et le refroidissement atmosphérique en fin de journée. La lumière s'associe fréquemment à l'intelligence et la chaleur, à la pulsion sexuelle ; tandis que la vieillesse s'accompagne d'une diminution des capacités mentales d'une baisse de la pulsion sexuelle. Cette métaphore concerne donc, d'un coup, au moins trois couples de grandeurs.

Dans la métaphore proportionnelle, appelée aussi homologie, la propriété que l'expression évoque pour associer ses termes est une grandeur qu'on peut classer sur une échelle de la « plus petite » à la « plus grande ».

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