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Jésus de Nazareth
Jésus
a bien existé, en dépit des efforts douteux de certains de nier jusqu’à son existence. Sa présence est attestée aussi bien par ses partisans que par ses détracteurs. Suétone, Pline le Jeune, Tacite parlent de ces «chrétiens», nom qui leur vient de «Christ», que «sous le principat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livré au supplice...» L’historien juif Flavius Josèphe dit, dans ses «Antiquités Juives» que «Jésus était un homme sage...qui entraîna beaucoup de Juifs et beaucoup de Grecs, et quand Pilate le condamna à la Croix, ceux qui l’avaient aimé auparavant ne cessèrent pas...» Deux références à Jésus figurent aussi dans le Taldmud de Babylone, le présentant comme «un faiseur de prodiges» qui a «égaré Israël».
Christ Pantocrator, Cefalu, Sicile, XIIe siècle
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L’essentiel de la documentation se trouve toutefois dans les textes les plus anciens du Nouveau Testament qui sont l’oeuvre des successeurs immédiats des témoins oculaires de sa vie. La correspondance de l’apôtre Paul - premiers textes à parler de Jésus - et les quatre Evangiles constituent la plus précieuse source d’information sur le Galiléen. Si les textes sont assez précis sur la période de prédication de Jésus, c’est à dire les trois dernières années de sa vie, sa naissance et son enfance ne sont pas évoqués par l’évangile de Marc, mais par Mathieu et surtout Luc. Bien que fort riches, ses sources n’expliquent pas de manière convaincante comment Jésus, fils de charpentier, a pu avoir une connaissance aussi approfondie des textes de l’Ancien Testament, une réelle érudition, une telle aisance et un tel à-propos, même s’il était manifestement doué d’une grande intelligence et d’un incontestable charisme. La réponse est peut-être dans la thèse d’Edouard Schuré, qui prétend que Jésus aurait rejoint le groupe des Esséniens, ordre dont les membres tentaient de conserver les traditions juives, la connaissance des textes anciens, rejetaient aussi bien les Sadducéens que les Pharisiens ou les Zélotes, et n’avaient de rapport avec le «public» qu’au travers d’une mission de guérisons des maladies physiques ou «morales».
Jésus initié par les Esséniens
A propos des Esséniens, Philon dit «Ils servent Dieu avec une grande piété, non pas en lui offrant des victimes, mais en sanctifiant leur esprit. Ils fuient les villes et s’appliquent aux arts de la Paix; il n’existe pas d’esclaves chez eux, et travaillent librement les uns pour les autres». C’est tout naturellement vers eux que Jésus se tourne, rejetant lui aussi l'Aristocratie des Sadducéens, «l’hypocrisie» des Pharisiens ou l’action violente des Zélotes contre l’occupant romain. Les règles de l’ordre étaient sévères : il fallait un noviciat d’un an, puis on était admis aux ablutions, sans entrer en rapport avec les maîtres de l’ordre. Deux nouvelles années d’épreuves étaient nécessaires pour être admis dans la confrérie. On jurait par de «terribles serments» d’observer les devoirs de l’ordre et de ne pas trahir ses secrets. Alors seulement on prenait part aux repas intimes d’une grande solennité qui constituaient le culte intime des Esséniens. Ses agapes fraternelles, forme primitive de la Cène instituée par Jésus commençaient et se terminaient par la prière. Là se donnaient la première interprétation des textes sacrés de Moïse et des Prophètes. Mais dans l’initiation comme dans l’explication des textes il y avait trois sens et trois degrés. Très peu arrivaient au degré supérieur. Cette organisation ressemblait fort à celle des pythagoriciens. Ils professaient le dogme de la préexistence de l’âme, conséquence et raison de son immortalité. Ils vivaient par petits groupes, en Palestine et en Egypte, étaient artisans ou paysans, jamais commerçants ou armuriers. Jésus passa plusieurs années chez les Esséniens, se soumettant à leur discipline, étudiant avec eux les secrets de la nature et s’exerçant à la thérapeutique occulte. Edouard Schuré pense que Jésus accéda à l’initiation supérieure au quatrième degré, celle qu’on accordait que dans le cas spécial d’une mission prophétique.
Jésus rencontre Jean Baptiste
Jean le Baptiste était un prophète populaire et virulent, attirant à lui des foules auxquelles il annonçait la venue prochaine du «Messie», censé délivrer Israël de l’occupant et rétablir sa gloire. Il fut troublé de voir Jésus, en robe de lin blanc des Esséniens, s’approcher et demander, par respect pour le prophète, le baptême par immersion dans le Jourdain. Il fut si frappé par son aura qu’il lui demanda: «Es-tu le Messie?», ce à quoi Jésus ne répondit pas mais demanda sa bénédiction avant de se retirer en silence. Peu de temps après, Jean le baptiste fut arrêté et exécuté par les soldats d’Hérode par décapitation.
Jésus Prophète
Jésus commence alors sa prédication, prenant ainsi la place de Jean le Baptiste, qui avait admis sa prééminence par ses mots «Il faut qu’il croisse et que je diminue». A cette époque, en Israël, apparaissaient de temps à autres des individus qui se prétendaient prophètes, en qui le peuple juif espérait un renversement par la force du pouvoir romain et le retour d’un nouveau roi David subjuguant ses ennemis. Mais Jésus ne choisit pas cette voie, annonça aux Esséniens qu’il allait prêcher en Galilée le «Royaume des Cieux» c’est à dire mettre les grands Mystères à la portée des simples, leur traduire la doctrine des initiés. Jamais Jésus n’a rejeté sa judaïté, tentant au contraire de s’y référer constamment en écartant toutefois les interprétations restrictives et les interdits religieux. A ceux qui le critiquent pour avoir permis aux siens de cueillir des épis de blés durant le Shabbat, il répond que le Shabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le Shabbat, à ceux qui s’horrifient de le voir fréquenter des personnes «impures», il répond en s’affichant ostensiblement avec elles. Il prône l’humilité, la compassion, la bonté du coeur, la soif de justice, et surtout l’Amour entre les êtres humains, dans un lien direct avec Dieu, sans intermédiaires. Son discours chamboule les esprits, qui ne l’attendaient pas sur ce registre. Il invite à une introspection, une recherche de la perfection en soi, le plus important étant l’affirmation de la valeur de l’exemple, plutôt que l’obéissance aveugle à des rites. Il place la vie intérieure de l’âme au dessus de toutes les pratiques extérieures, l’invisible au dessus du visible, le royaume des cieux au-dessus des biens de la terre. Les Pharisiens commencent à s’inquiéter de son charisme, et tentent de lui tendre des pièges, qui commencent par la flatterie pour tenter de l’amadouer. Mais il devine leurs motivations et retourne toujours la situation, en usant de métaphores et de paraboles qui les déconcertent. Il laïcise Dieu par une formule restée célèbre, en réponse aux Pharisiens qui veulent connaître sa position sur le versement du tribut à l’occupant : «Apportez-moi un denier, que je le voie...De qui est l’effigie que voici? (ils répondirent de César). Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu».
Jésus le Rebelle
Jésus prône l’égalité, et refuse l’exclusion : «Les Scribes et les Pharisiens tentent de le discréditer auprès de ses disciples : Quoi? il mange avec les publicains et les pécheurs? Jésus qui avait entendu leur dit: «Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les Justes, mais les pécheurs». Jean le Baptiste était un ascète, Jésus tranche au point d’être traité d’ivrogne et de glouton, car il s’attable volontiers avec des personnes jugées non fréquentables.
«Le Fils de l’Homme lui-même n’est pas venu pour être servi», dit-il, prônant par là l’égalité, et notamment l’égalité homme-femme. Il admet les femmes dans le cercle de ses intimes, alors qu’elles sont jugées impures à cause notamment de leurs périodes menstruelles. Il se laisse approcher des malades alors que les croyants s’en gardaient pour ne pas être absorbés dans une sphère d’impureté. Il accepte à sa table des femmes «de mauvaise vie» et les taxateurs de péages en contact avec les romains. En cela, il s’affranchit des contraintes de pureté extrême prônée par les Esséniens. Il choisit d’ailleurs des apôtres qui ne sont pas Esséniens, parce qu’il avait besoin de natures vigoureuses et vierges, et qu’il voulait implanter sa religion au coeur du peuple. Il refuse les concepts de pureté et déclare: « Ecoutez-moi et comprenez! Il n’est rien d’extérieur à l’homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller, mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme». Jésus est animé par l’image d’un dieu accueillant, à l’amour illimité, qui «fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons». Jésus refuse que l’on s’appuie sur ce dieu-là pour justifier un système ségrégationniste, qui qualifie les uns et disqualifie les autres. Il fait ainsi voler en éclats le système d’une religion à deux vitesses, qui confirme la félicité des élus et rejette les marginaux dans l’éloignement de Dieu. Le véritable motif de sa condamnation est à rechercher ici, et non dans le prétexte avancé qu’il se prétendait le messie. Aucun rabbi ni avant ni après lui, se prétendant messie, ne fut condamné à mort pour blasphème. Son interprétation de la pensée divine menaçait en réalité tout l’édifice de la ritualité et l’identité même du peuple d’Israël, en attentant à sa sainteté, contredisant ainsi une lecture millénaire de la Torah. Sadducéens et Pharisiens l’ont perçu comme un danger mortel qu’il fallait à tout prix écarter. Paul écrira vingt cinq ans plus tard aux chrétiens de Galatie: «Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme». Jésus avait prétendu à l’universalité et le destin de son message devait effectivement devenir universel.
Jésus fut donc trahit par Judas, probablement un de ses opportunistes déçu qui avait cru à une «conquête» du pouvoir temporel issu d’un mouvement de foule libérateur de l’occupant romain tel qu’il était imaginé à travers le mythe du messie, sorte de réincarnation du roi David. Condamné par le Sanhédrin, l’autorité religieuse juive pour blasphème, il ne peut être exécuté que par le pouvoir Romain, seul habilité à faire verser le sang. Ponce Pilate, le procurateur romain, n’a que mépris pour les juifs et leurs querelles religieuses. Il hésite à mettre à mort Jésus, par crainte d’un soulèvement populaire redouté à Rome. Il le fait fouetter sauvagement, pour le faire ensuite relâcher. Mais le grand Caïphe qui redoute cette issue interpelle Ponce Pilate, et évoque la prétention de Jésus d’être «roi», et la menace qui pèserait sur lui si l’empereur Tibère apprenait qu’il a laissé échapper un conspirateur rebelle au pouvoir de César. C’est ce qui décidera de sa mort. Jésus est frappé par les soldats, notamment au visage, et on lui confectionne une sorte de bonnet d’épines (et non une couronne d’épines) pour signifier sa prétention royale. Il est condamné à la croix sublimis, c’est à dire la haute croix, qu’il porte du palais de Pilate à la colline du Golgotha. Très affaibli par les coups de «flagrum», le fouet romain dont les lanières se terminent en petites haltères de plomb qui ont lacéré sa peau sur tout le corps dénudé, on lui enfile une tunique, qui sera jouée au dés par les soldats, pour atténuer les meurtrissures de la lourde croix portée en oblique sur le dos, afin qu’il ne meurt pas pendant le trajet. Arrivé au sommet, il est cloué sur la croix, aux deux poignets (et non à travers la paume des mains), un seul clou traversant ses deux pieds posés l’un sur l’autre. Au dessus de sa tête, une plaque de bois est disposée, avec pour inscription : INRI, traduite par «Jésus de Nazareth roi des Juifs». Jésus mourra d’asphyxie et d’épuisement rapidement sur la Croix, et un soldat romain dont la mission était de s’assurer de la mort du crucifié donnera un coup de lance post mortem, par le flanc droit en direction du coeur. De la plaie sortira «du sang et de l’eau». Tous ces détails sont rapportés par les évangiles. L’usage pour les autres crucifiés, non fouettés auparavant, qui agonisaient parfois pendant plusieurs jours, était, pour hâter leur mort, de leur briser les jambes de manière à ce qu’ils ne puissent plus se soulever pour échapper à l’asphyxie. Ce ne fut pas le cas de Jésus, dont les jambes ne furent pas brisées. Ce type d’exécution était particulièrement infamant.
Jésus et la Résurrection
Le point de départ du Christianisme et son fondement même est la résurrection du Christ, trois jours après sa mort. Pour le dogme de l’Église, il s’agit de la résurrection des corps, notion primaire et enfantine selon Edouard Schuré, qui admet pourtant la résurrection, non pas charnelle, mais spirituelle, et pense que les «âmes supérieures se manifestent aux hommes dans un état de sommeil profond ou d’extase», ou même que «l’âme désincarnée parvient à donner momentanément à son corps spirituel une apparence visible et même tangible, au moyen d’un dynamisme particulier que l’esprit exerce sur la matière par l’intermédiaire des forces électriques de l’atmosphère et des forces magnétiques des corps vivants». Pour lui, les témoignages de la résurrection de Jésus présents dans les évangiles ne sont pas des inventions, des affabulations ou des hallucinations collectives. Ils sont suffisamment divers, précis et sincères pour traduire non pas le surnaturel, mais «l’inconnu de la nature, sa continuation occulte dans l’infini et la phosphorescence de l’invisible aux confins du visible». Pendant les quarante jours qui suivent sa «résurrection», Jésus apparaît en effet à plusieurs endroits, mange et boit avec ses disciples, mais également «traverse les murs». Dans l’épître aux Corinthiens, Paul ne dit-il pas : «il y a un corps animal et un corps spirituel»? Ce même Paul, à l'origine adversaire acharné des Chrétiens , qui se convertit soudainement sur le chemin de Damas après avoir été interpellé par une voix sortie de nulle part qui lui dit : "Pourquoi me persécutes-tu?"...
Christianisme religion d’État
C’est Constantin, un général sanguinaire devenu Empereur qui voit tout l’intérêt d’unifier l’Empire aux moeurs décadentes et menacé d’implosion en favorisant l’essor sous contrôle de la religion chrétienne. Il force les évêques jusqu’alors persécutés à se réunir à Nicée en 325 pour établir un dogme commun, et se mettre d’accord sur la véritable nature de Jésus. Il faudra plusieurs conciles pour aboutir, en 457, au Concile de Chalcédoine, qui unifie la doctrine de l’Église autour de la Trinité : Le Père, le Fils et le Saint Esprit, le Fils engendré et non créé par le père, l’ensemble préservant le monothéisme voulu par l’Empire, dont le centre de gravité s’est déplacé à l’Est, vers Byzance. Cela n’empêchera pas les Schismes, notamment entre l’Église d’Orient et d’Occident, et un christianisme d’État devenu persécuteur après avoir été persécuté, «oubliant» le message de tolérance, d’égalité, et surtout le message «social» du Christ par la corruption du pouvoir. En dépit de cela, le message du Christ de profonde humanité, d’amour fraternel, de compassion et de charité aura tout de même pénétré les consciences qui s’y réfèrent dans l’établissement de l’échelle des valeurs. La recherche du perfectionnement humain, de la responsabilité individuelle, du respect, de la lutte contre les privilèges et les injustices sont directement affiliés à son message.
Religion et relique...
Robert Desnos écrivait avec malice : «La religion catholique est née de la contagion des reliques»... Et le fait est que les seigneurs temporels ont «exploité» le filon, par pure cupidité. Une relique dans une église et c’était l’assurance d’un flot de pèlerins dépensiers en perspective. Les rois, notamment Saint Louis, se sont attachés à la recherche d’authenticité des reliques achetées à prix d’or, comme la couronne d’épines ou les fragments de la vraie Croix, pour lesquelles il fit construire un extraordinaire écrin : la Sainte Chapelle. Les Empereurs Byzantins ont été les premiers à entreprendre de véritables fouilles archéologiques, animés par une réelle ferveur. Leurs reliques étaient adorées et conservées dans un cadre inouï de luxe et de raffinement. Mais l’une d’elle était la plus précieuse de toutes. Ils l’avaient négocié au prix d’un traité de paix désastreux malgré leur position de force, la libération de centaines de seigneurs prisonniers sans rançons, et une somme colossale, auprès des Arabes qui s’étaient trois cents ans plus tôt rendus maîtres de la cité d’Edesse. Cette relique, que les habitants d’Edesse conservaient depuis des siècles, était une simple pièce de lin de 4,36 mètres sur 1,10, mais qui portait une image dite «acheiropoïète», c’est à dire «non faite de la main de l’homme». Cette image, c’était celle d’une silhouette d’homme nu, étonnante, monochrome, pâle, qui portait les stigmates de la passion du Christ...
(Si l'histoire passionnante du Saint Suaire vous intéresse, lire la suite ici L'énigme du Saint Suaire)
Bibliographie :
Trop d'ouvrages à citer... mais retenez l'ouvrage séculaire "les grands initiés" d'Édouard Schuré, réédité par les éditions pocket, 2182.
Également : le très intéressant "Comment Jésus est devenu Dieu" de Frédéric Lenoir, paru entre autres aux éditions "Le livre de poche".
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